Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

jeudi 10 mars 2011

*.. Tsuishi ..*




Elle est assise face aux monticules d'objets de toute sorte posés ça et là devant elle. Les genoux croisés sous son menton elle ne comprend pas comment autant de choses ont pu s'accumuler au fil des ans sans qu'elle n'y prête une réelle attention.
Il faut qu'elle fasse le tri mais par où commencer?


Ranger... Jeter...Trier...?


La tâche en elle même lui semble insurmontable.

Elle les détailles, les reconnaît, les apprécie tous.
Mais une évidence s'impose à elle... Elle ne peut pas tous les prendre.
Une petite cellule, voilà son nouveau cocon. Dedans elle a à peine la place de se mouvoir alors comment pourrait elle tout prendre?
Il y a bien quelques petites choses aux quelles elle apporte moins d'importance mais tout de même... C'est dur pour elle de s'en défaire.


Elle se souvient d'un dessin animé qu'elle avait beaucoup aimé petite.. "Merlin l'enchanteur"...

Elle revoit la scène où grâce à sa magie il arrive à faire contenir toute sa maison dans un tout petit sac en cuir... Il n'avait qu'à chanter la formule magique pour que tout rétrécisse et vienne se loger docilement à l'intérieur de ce dernier...
Elle se souvient de l'air, le fredonne...
Évidement rien ne se passe. Elle soupire.


Son chat près d'elle fait le dos rond et des yeux doux comme si il savait son désarroi.. D'ailleurs il le sait elle en est convaincue quand elle passe sa main dans son pelage.

Elle se lève doucement, être plus haute pour avoir une vue d'ensemble l'aidera peut être à commencer par choisir quoi prendre et quoi laisser?
Une fois debout elle vacille, ses oreilles sifflent, ses yeux se voilent, sa bouche s'assèche violemment.


"Je n'y arriverai jamais" souffle t-elle avant de s'écrouler sur le côté...



Sa tête à heurtée l'angle droit de la table basse faisant un petit bruit sourd. Le vase qui était posé en son centre à volé en éclat sur le plancher. Le chat à eu peur.

Il y a du verre partout maintenant, l'eau s'infiltre dans les lattes du vieux bois et les jonquilles au sol perdent de leur majesté... Mais juste un peu.
Elle n'a pas mal, enfin pas autant qu'elle ne l'aurait cru...
Elle est allongée sur le côté et attend une douleur qui étrangement ne vient pas...


"Je vais me relever" pense t-elle.

C'est alors qu'elle aperçoit son chat qui revient vers elle et lui lèche de sa langue râpeuse le bout de son nez.

Elle veut lui dire de partir de là, il pourrait se blesser avec les bouts de verres au sol... Les coussinets d'un chat sont délicats!
Sa bouche ne s'ouvre pas malgré toute sa volonté. Elle tente de se mouvoir sans arriver à bouger la moindre parcelle de son corps.


"Que m'arrive t-il?"



Quelqu'un frappe à la porte d'entrée. Ça fait fuir son chat qui derrière lui laisse des petites traces de pattes rouges sang.


"Je le savais... Il est blessé..."

Ses yeux roulent dans ses orbites pour essayer d'y voir plus clair.
D'abord la table qui a bougée sous l'impact, puis les morceaux de verres au sol...L'eau...
Un frisson lui parcours le corps.
L'eau n'est plus limpide, les jonquilles n'ont plus la belle couleur du soleil.
Il y a du sang tout autour d'elle.


"Ce n'est pas possible...ce n'est pas..."



Son cœur s'emballe, la peur l'envahit... Elle a comprit.

Non ce n'est pas son chat qui est blessé, c'est elle qui est en train de mourir.
Son sang n'a de cesse de s'écouler de la plaie béante qu'elle vient de se faire en tombant.
Elle n'a pas mal mais tellement peur.
Ses yeux s'embrument et les larmes coulent en silence, comme une évidence.
Si elle pouvait rire elle le ferait... Bien sur ce serait un rire amer mais tout de même...


Finalement elle n'aura pas eu le temps de choisir, la vie aura choisi pour elle là où devait être sa place.

La où elle va, elle n'aura besoin de plus rien, ne ressentira plus rien, ni la douleur d'une chute au sol, ni la douceur du pelage de son chat.
Plus de joie, plus de peine.
Juste le néant et le noir profond... Intransigeant.
Plus de place pour quoi que ce soit d'autre.


Vient le dernier soupir, les poumons se vident, les muscles se détendent, le sang commence déjà à se coaguler sur le plancher.



Elle n'aura pas eu à trier... Ranger... Jeter.

Finalement c'est elle qu'on a fini par brûler...