Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

mercredi 23 septembre 2009

Etape


Il aura fallu du temps pour que la brume épaisse se dissipe un peu.

Il aura fallu bien des amants pour que le corps se découvre enfin.

Elle décèle chaque fissure et les drape de ses sourires émus, les fils se sont lentement démêlés… Il était temps.
Elle se remémore ses années passées dans l’obscurité, sa peur viscérale étouffante, ses yeux noyés de non dit, son indifférence à lui, à eux, à elle… Pour elle.

La chute fut brusque mais pas fatale, c’est étrange elle l’aurait pourtant cru.
Elle danse dans ses maux, s’invente de nouveaux mots… Pour jouer, pour en rire… Parce qu’il le faut bien.
Absoudre ses pêchés qui n’en sont pas dans le fond d’une mer sucrée.


Elle passe son doigt fragile sur ces cils offerts, c’est doux… C’est à elle.

Des airs de chansons lui caresse les tempes, la bouche ouverte elle contemple.

Déjà l’automne qui à sa porte tente de se lover en son sein, au creux de ce monde qui est le sien.

Les hirondelles sont parties, parfois il y a ce brouillard humide qui appelle une couverture, une tasse de thé dans le creux des mains… Une odeur de fin.


Et pourtant ce n’est qu’un début…


« A la première fissure de l’idéal, tout le réel s’y engouffre. »
J. Rostand



samedi 11 juillet 2009

*-- kunou --*


Le verre est tombé au sol, il s’est brisé. Le vin par terre, s’est répandu.
Sans un geste il lui arrache le cœur les yeux plantés dans les siens.

Elle perd la tête, sourie, conjure, expie…. Comment, pourquoi? …
Parce que le jeu est fini.


Mordre sa langue, le goût ferreux tiède qui s’impatiente dans la bouche.
Le poison court plus vite dans les veines d’un corps triste.
Un vent sec, acide lui brûle la peau, ses ongles se cassent inexorablement sur cette terre aride où il l’a laissé choir.


Attendre que demain arrive et emporte tout.

N’avoir qu’un grand cri d’agonie comme berceuse le matin et surtout le soir.

Le voir lui, avec d’autre bras que les siens…
Lui, entourant une nouvelle, une autre….
Le perdre et avec lui s’oublier aussi.

Elle crie sans son, elle pleure sans larmes, déjà il est loin, déjà il se détourne d’elle ne lui laissant plus que la vision de son large dos…

Elle se lève dans un ultime effort, court, tombe, se rue vers lui jusqu’à pouvoir à nouveau le toucher.

Elle l’enlace, il ne s’est toujours pas retourné, il la laisse faire comme une excuse à sa peine.

« Gorges toi de moi les aiguilles de l’horloge ne se s’arrêteront pas, ma fuite de toi non plus »


La négation l’embrase, l’eau salé jailli enfin de ses yeux secs, ses cris stridents viennent troubler se lourd silence.
Elle plante ses ongles dans sa peau, dans ses os.

Elle déchire, lacère, disloque, arrache lambeaux de peaux, amas de chair.
Elle creuse jusqu’au cœur.

Elle y est, il est là…
Bien à l’abris des regards, lové tel un oisillon dans nid, vulnérable, à vif.
Elle se reprend un peu, comprend comment la fin de l’histoire est en train de se dessiner.


La folie doucereuse d’une enfant trop peureuse… Et après?


Ses lèvres sur les siennes, ses yeux plantés dans les siens…
Sa main va chercher se dernier petit bout de lui. Il bat fort dans le creux de sa main, il est même plus lourd que ce qu’elle n’avait imaginé.

Elle se relève, serre fort son cœur à lui contre son corps à elle.

Elle se détourne de lui , son trésor … Mi amor…



« Voilà, maintenant tu peux partir »


jeudi 21 mai 2009

- himitsu -


-korede-


J’ai un secret.

J’ai 6 ans et je m’amuse à imaginer ma vie d’adulte. Assise sur mon lit, je porte une petite robe blanche à dentelle que ma grand-mère m’a achetée, je ferme les yeux très fort et je me vois grande. J’ai des projets, des rêves qui me paraissent accessibles, je m’imagine avoir un don particulier, un petit quelque chose qui me différencie des autres. Tout me parait possible à cet instant présent.


J’ai 10 ans, je suis dans le jardin, l’herbe est haute les arbres sont vieux, j’habite une grande ferme en pleine campagne. Je suis seule et je m’imagine grande…Un jour maman peut être? Non…Artiste j’aimerai bien…L’herbe chatouille mes jambes nues.

J’ai 15 ans, on a déménagé, j’habite toujours dans la campagne, je suis assise devant mon bureau d’adolescente, je suis en train de dessiner en écoutant du Dvorak. Le fusain ça a un bruit particulier quand ça touche le papier…Je m’imagine ma vie dans quelques années…Je me fais un plan, 25 ans pour avoir un enfant ce serait bien. Je vivrai dans une belle maison et je serai amoureuse de mon mari bien sûr.

J’ai 21 ans, la décoration de ma chambre à changer, ma vie aussi mais pas mes rêves. Je suis amoureuse, pas un peu non, vraiment, cette fois ci c’est différent. Il est tellement gentil. Je n’ai pas peur. Dans quelques instants il va arriver et nous aurons notre premier baiser. Il est doux et tendre. Je suis chanceuse…Tellement…

Je nous imagine plus tard, vivant ensemble, faisant des projets…Une maison? Des fiançailles? Je souris. Dehors il fait nuit, ma fenêtre est ouverte au loin j’entends le chant des grenouilles. Une voiture arrive…C’est lui.

J’ai 27 ans, je viens de fleurir mon balcon du coup ça attire les oiseaux. Je les vois se poser sur le pot de Reine Marguerite. Peut être devrais je leur donner des miettes de pain?… Je suis sur mon canapé, il est dans la pièce à côté, je m’imagine plus tard, quand je serais grande… Mais ne le suis-je pas déjà… Un peu? Il ne m’aime plus et moi?

J’ai 35 ans, j’ai déménagé, je vie seule dans un petit appartement. Je viens de finir de faire la vaisselle, je reste un moment débout appuyer contre le mur. Je pleure…pas beaucoup non, juste un peu. Je suis seule. C’est bientôt Noël…Il paraît.

J’ai 40 ans, j’ai des rides maintenant, c’est normal je vieillis. C’est le petit matin, je cherche les clefs de ma voiture pour aller au travail. Je suis amoureuse de mon collègue et j’envie la secrétaire, son fils rentre au conservatoire. Elle est belle et élégante, les années lui vont bien.
Il est gentil et affectueux…Avec elle, c’est sa femme.
Je suis toujours seule et je dois sûrement être grande maintenant non?


J’ai 45 ans, je sors de chez mon docteur. Devant le cabinet, j’allume une cigarette… Un cancer… Ça va me tuer.
C’est dommage, j’aime toujours autant fumer. Et si je commençais à vivre un peu? …Avant de mourir…bientôt?
Ce serait bien si quelqu’un pouvait me prendre dans ses bras et me faire l’amour, là… Maintenant.


J’ai 51 ans, je me suis bien battu, l’infirmière a un joli sourire. J’ai des amis qui sont venus me rendre visite aujourd’hui, ils avaient l’air triste pour moi… Un peu.
J’ai vue de la compassion dans leurs regards.
J’ai un trou dans la gorge qui m’aide à respirer, ce n’est pas très esthétique.
De ma fenêtre je regarde un vieux chêne, parfois je vois même des écureuils qui se courent après.
C’est beau un écureuil.



Je suis morte hier, dans la nuit. Je me suis juste endormie et je n’ai pas ré ouvert les yeux.
C’est dommage, j’aurai pu voir la neige ce matin.

Je me rappelle quand j’étais petite des rêves que j’avais, finalement je n’en aurai pas réaliser beaucoup.


Si je regrette? Un peu oui, mais finalement pas tant que ça… Pourquoi?
Parce que j’avais un secret!


vendredi 1 mai 2009

Enfin!



Perdre un être cher, repartir à zéro... Le tatouage un jour...pour une vie entière.



lundi 13 avril 2009

PONYOOOOOooo...




J'ai beaucoup pleuré mais juste parce que c'était trop beau pour le commun des mortels. Hayao Miyazaki... MIYAZAKI SUKI!!!!!





Elle est allongée sur le côté, le drap remonté jusqu’à son épaule nue. Un drap fin, d’un blanc immaculé qui contraste étrangement avec l’obscurité de la chambre.
Elle a de long cheveux brun qui recouvrent entièrement l’oreiller. Rien ne semble pouvoir la perturber.
Plus loin, on le distingue à peine. Assis sur un fauteuil, au fond de la pièce, il fume une cigarette l’air pensif.

On entend le chant des oiseaux, on peut percevoir la chaleur étouffante d’un été en colère.
Les volets sont clos, un petit rayon de lumière arrive tout de même à transpercer cette obscurité.
Petit à petit nos yeux s’habituent et nous arrivons à percevoir de mieux en mieux les détails qui nous entourent.

En s’avançant vers lui, on s’aperçoit qu’il la regarde, ses gestes sont précis, il a les jambes croisées, le cendrier posé sur l’accoudoir et sa cigarette entre ses doigts fins. La fumée qu’il recrache vient s’enrouler autour du filet de lumière.
Il porte un pantalon noir et une chemise blanche encore ouverte, son torse est imberbe, un pendentif étrange brille à son cou.
Il reste silencieux, certainement pour ne pas la réveiller.

Il y a un tapis par terre, des affaires sont éparpillées dessus négligemment. Ce sont ces vêtement à elle…Une jupe fine blanche, un petit chemisier pourpre, une culotte…

On se doute depuis un moment déjà de ce qui a du se passer dans cette pièce avant notre arrivé, mais sa chemise ouverte, son regard, les affaires au sol nous le confirme.

On se rapproche doucement de la fille au long cheveux. Elle dort paisiblement, ses lèvres sont entrouvertes, ses petites mains pâle cramponnent du vide, son teint est clair, ses cils sont longs. Elle est nue sous ce drap. Elle est comme figée dans un autre monde qui nous est inaccessible.
Sans vraiment en comprendre la raison, une envie indicible nous étreint. On veut la réveiller, la voir doucement se relever, s’assoir et frotter ses yeux tout en s’étirant d’un plaisir commun à celui qui vient de quitter Morphée. Entendre le son de sa voix, la voir planter son regard dans le sien, d’ailleurs, de quelle couleurs sont ses yeux? On ne le sait toujours pas.


Alors on s’imagine la scène, elle s’éveille de son doux sommeil, s’étire, se gratte, râle puis une fois assise, le drap aura glissé et sa peau claire, sa poitrine innocente sera dévoilée. Elle regardera sûrement en direction de la fenêtre se demandant combien de temps elle a dormi puis elle commencera à le chercher, ses yeux glisseront le long des murs pour finalement s’accrocher à lui. Elle aura un sourire évidement, elle sera heureuse qu’il soit là, assis dans ce fauteuil à attendre son réveil.
Comme on ne peut rien faire alors on attend que les choses se passent comme on se l‘imagine. Elle finira bien par ouvrir les yeux.

Finalement, c’est lui qui bouge en premier. Il se lève doucement, le fauteuil craque un peu, un bruit étouffé s’estompe aussitôt. Il pose le cendrier par terre, reboutonne délicatement sa chemise et la remet méticuleusement dans son pantalon. Il enfile ses chaussures…Où peut il bien aller….Elle n’est pas encore réveillée!

Il s’avance vers elle, lui caresse la tête et l’embrasse sur la joue. Elle ne bouge pas. Il se baisse et empoigne quelque chose sous le lit, c’est un bidon…Il y a un liquide brunâtre à l’intérieur.
Il l’ouvre et le fait couler sur le lit, sur ses cheveux…Réveille toi….Que fait il? Pourquoi ne nous entend t’elle pas??…
Il ne montre aucune émotion tout en vidant le bidon de son contenu dans le restant de la pièce. Il est même très appliqué et n’oublie aucun recoin.
Il vient de verser la dernière goutte, le bidon posé à ses pieds, il pousse un soupir de satisfaction. Il ouvre la porte, la regarde une dernière fois puis fouille sa poche, il en sort un paquet de cigarettes, il en flanque une entre ses lèvres, fait craquer une allumette, l’allume se retourne et jette cette dernière au sol.

Sur son paquet de cigarettes on a pu clairement lire « FUMER TUE » ça n’a jamais était aussi vrai qu’à cet instant présent.


lundi 5 janvier 2009

"An ending"




L’hiver plonge les gens dans un état latent, ils se couvent dans une danse lente presque agonique.
La nuit commence à tomber sur la ville qui, bienveillante aux passants, allume un à un ses lampadaires. Le ciel décline ses plus belles couleurs pastel, une couleur doucereuse qui réchauffe l’intérieur d’un corps trop froid.

Elle est dans le parc depuis déjà un petit moment, elle a eu le temps de voir pleins de visages passer sous ses yeux, elle n’en a retenu aucun. Ils se dispersent, se mêlent les uns aux autres, elle finit par tous les confondre ils se mélangent tous pour finalement ne ressembler qu’à lui.
Elle a les bouts des doigts gelés, les oreilles rougies par la température qui ne s’arrête plus de chuter.
Assise sur un banc dont la peinture verte s’écaille vulgairement elle a le regard vide. Par endroit il y a des annotations, des déclarations, des injures…La communication est toujours aussi difficile entre eux…entre vous surtout entre elle et lui.

Elle a le nez rouge, elle aurait presque envie de pleurer. Petit à petit le parc se vide complètement et elle reste là, immobile sur ce banc défraichi, mordue par le froid, seule. Elle a tout à coup l’impression d’être comme cette peinture qui s’écaille sous ses ongles, aussi fatiguée que ce bois sur lequel elle est assise.
Elle sait bien qu’il ne viendra pas, qu’il ne viendra plus.

Qu’importe, elle ne l’attendait pas de toute manière…Elle ne l’attendra plus.


Une nouvelle fois elle est seule, seule contre tous, exilée dans les confins d’un monde qu’elle seule peut voir où personne ne prendra le temps de la rejoindre. Elle a presque atteint sa limite, bientôt il n’y aura plus de retour possible… Et après? Qui s’en soucis?…

Elle soupire et un nuage s’échappe de sa respiration.

« J’ai vraiment froid » pense-t-elle en levant ses yeux rougis vers le ciel.