Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

vendredi 29 juin 2007

Séïsme





L’odeur est âpre, la vision voilée, un amas de corps s’apprivoisent.

Le son est lourd, ma bouche ouverte reste muette…

Je tends le bras, ma main se crispe.

Ils sont tous en train de se fondre les uns dans les autres, ils s’enlacent, se dévorent.

J’ai peur, des perles de sueurs naissent sur mon front.

Le sang court trop vite, il cogne violemment dans mes tempes…Il fait de plus en plus noir, je m’accroupis.

Ils soupirent de plaisir, je les entends gémir à l’unisson, j’ai froid.

Une main au sol…le sol…la Terre.

Ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus bruyants, ils crient maintenant, violents, voraces…Vais-je mourir là ?

Je tremble, je suis devenue déraisonnée, la folie est proche, encore quelques minutes et elle prendra pleinement possession de mon corps, de mon âme, je ne serai plus qu’un tas de chair désarticulée.

Fais vite, l’attente me gèle, je ne veux plus les entendre, plus t’attendre.
Prends moi, abrèges mon calvaire.

Je ne lutterai pas, je suis déjà vaincue.

Regarde, ils sont en train de me tirer vers eux, ils sont chauds, la langue pendante et les yeux révulsés…C’est à cela que je vais devoir ressembler ?

Ça y est, tu m’enlaces maintenant, petit à petit tu t’insinues dans chacun de mes membres, je n’ai presque plus peur, je suis même soulagée de ne pas t’avoir attendue plus longtemps.

Tu vois je ne me débats même pas, tu as la tâche facile, je me laisse tomber entièrement dans tes bras.

Tu m’as eue, où plutôt devrais je dire « je me suis laissée avoir ».

Le bruit devient mélodieux, les corps chaleureux, je suis « eux », les cris sortent enfin de ma gorge sèche.

J’ai faim de tout, d’eux surtout.

Mes ongles tranchent leur chair, le sang coule on s’en délecte avidement.

Tu es en moi entièrement, je m’en vais maintenant il n’y pas suffisamment de place pour nous deux.

Ne me retiens pas, je me sens déjà m’élever doucement, quelle douce sensation.

Un dernier regard en bas, les cris, la sueur, les corps entremêlés, les langues qui lèchent les peaux moites, les yeux vides…

Je souris…Aucun regret.

mercredi 27 juin 2007

Soit...puisque c'est ainsi!




Étrangement, ce matin, je me suis réveillée tôt…C’est rare, je ne suis pas du matin. Je n’aime pas être éveillée à cette heure de la journée, surtout que je n’ai rien de prévu, rien à faire…Comme tous les matins depuis quelques mois déjà.

J’ai bien essayé de me rendormir, mais il n’est pas toujours évident de replonger dans les bras de Morphée. Résignée, je me suis donc levée.

Je m’occupe en rangeant quelques bricoles, tourne en rond un moment, cherche une occupation (en vain) pour finalement me retrouvée assise sur le lit à regarder par la fenêtre. Il fait gris, nous sommes déjà en fin Juin la chaleur et le beau temps ne sont pas vraiment au rendez vous. Je ne me plains pas, bien au contraire !

Mon chat me saute dessus, il vient se dandiner sur mes genoux pour recevoir et/ou donner un peu d’amour. Je lui en donne volontiers et prends avidement ce qu’il est disposé à me donner. Je colle mon visage contre son ventre, mon nez fouille ses poils, j’aime son odeur et la douceur de son pelage.

C’est à ce moment là que je t’ai vue.

Tu es fièrement posé sur ma table de chevet avec quelques autres photos. Ce n’est pas vraiment un oubli de ma part, je le sais bien que je t’ai mis là, près de moi…mais ce matin, un nœud se noue dans mon ventre, une boule vient naître dans le creux de ma gorge, mes yeux s’embrument…Tu me manques.

J’ai tout un tas de questions à te poser, tout un tas de moment que j’aimerai partager avec toi, je ne le peux plus et mon cœur se serre encore un peu plus.

Est-ce que tu as aimé ta vie ?

Qu’est ce que tu regrettes vraiment ?

As-tu déjà été fier de moi ?

Tu es heureux maintenant que tu es parti ?

A quoi ça ressemble la où tu es ?

Tu ne reviendras pas alors ?


Non, bien sur que non tu ne reviendras pas…Je le sais bien.

Parfois tu me rends visite dans mes rêves, le plus drôle dans tout ça, c’est qu’à chaque fois je fais le même.

Tu arrives, je ne suis pas vraiment surprise, je t’engueule « Ne refais plus ça, tu nous a fait peur, on a cru qu’on ne te reverrai plus ! » Tu souris…

Je te demande alors si tu vas rester et tu me réponds « Oui » tout simplement.

Tu mens, tu ne restes pas, il suffit que j’ouvre les yeux pour que tu ne sois plus là.

Et là, je regarde ta photo, seul moyen possible de pouvoir te voir encore.

Si je te le demande gentillement, m'accorderais tu un peu plus de temps?


Laisse moi encore pouvoir te serrer dans mes bras, laisse moi encore sentir ton odeur, caresser tes mains, laisse moi t’écouter parler, laisse moi te regarder, laisse nous encore faire nos longues ballades, laisse moi le temps de te dire tout ce que tu peux représenter à mes yeux, laisse moi m’excuser de n’être pas venue à l’hôpital, laisse moi t’enlacer une dernière fois… Laisse moi te dire combien je t’aime et combien tu peux me manquer.


Tout ceci, je le garde pour moi, je ne pourrai jamais te le dire maintenant, j’espère seulement que là où tu es aujourd’hui tu regardes un peu en bas, fais un trou dans les nuages, souffles dessus tu vas voir…tu me verras et je serai en train de te regarder.

Je t’aime.

dimanche 10 juin 2007

Pourquoi tu doutes?




Peut être n’as-tu jamais remarqué…Ca commence comme un coup, un coup violent en plein cœur. Ca fait vibrer chaque petite parcelle de ton corps, chaque centimètre carré de l’épiderme est ébranlé. Ce n’est pas douloureux, non, c’est juste que ça te surprend, ça suspend tout ce qui se passe autour. Il n’y a plus que ça.

Ca prend des formes aléatoires, des odeurs de fleurs diverses, des paysages multiples, des couleurs automnales, des notes de musique improbables…

C’est partout tout autour de nous, il suffit juste d’être attentif. Ouvre les yeux !

La beauté du Monde est partout, c’est la seule chose dont je sois sûre pourquoi tu doutes ?

Je le remarque la nuit quand je regarde le ciel. Les nuages trop nombreux parfois rechignent à nous dévoiler la lune dans son intégralité. Ils la gardent jalousement, on a l’impression qu’ils la bordent avec un amour non dissimulé. Il faut être digne pour la contempler à sa juste valeur.

C’est aussi présent dans les yeux d’un chat qui somnole sur un mur de vielles pierres à l’abri du soleil un après midi d’été. Ses yeux profonds, immenses, débordants de sagesse nous rappellent à quel point chaque petit moment de la vie peut être appréciable, délectable…

Tu doutes encore ?

Pourtant c’est encore là, quand je laisse ma cigarette se consumer dans le cendrier. Les volutes de la fumée dansent, ondulent, dessinent des corps gracieux colorés de gris bleuté. (Dieu que c’est beau !)

Je sais ce que tu te dis, c’est sûr ce n’est pas grand-chose, peut être même es tu déjà en train de rire de moi. Si c’est le cas fais le bien, ne te retiens pas, ris à gorge déployée, fais en toi mal au ventre. Toi qui ressemble trait pour trait à ce que tu critiques tant, ne vois tu pas que tu es prévisible, dans tes gestes, tes paroles…Dans ce renoncement à voir toutes ces petites choses qui, lorsqu’on les regarde de plus près, peuvent nous marquer à vie…

A chacun sa vision du Monde.

Moi, ma vie je la veux comme je la rêve, avec des accents, des ponctuations, des virages parfois dangereux, avec une lune timide escortée par des nuages jaloux… Je la veux se reflétant dans les yeux d’un chat somnolant sur une vieille murette, je la veux aussi légère que cette fumée qui s’élève de ma cigarette.

Je veux être une éponge, un buvard, un morceau de sopalin dont on se servirait pour absorber de l’eau, du vin négligemment renversé là, sur une table.

Je veux boire ma vie, en être saoule de la plus bienfaisante des ivresses qu’il soit possible de goûter.
Je ne dessoulerai pas, et toi alors, toi qui ne me crois toujours pas, avec quoi tu t’enivres dis moi ?