Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

dimanche 29 juillet 2007

L'escargot et moi



J’ai chaud, trop chaud, j’ai ouvert la fenêtre mais l’air est immobile, le vent ne fait pas doucement palpiter les feuilles dans l’arbre en face de mon appartement.

Je n’arrive pas à dormir, ça m’arrive souvent, trop sûrement.
Mon tee shirt colle à ma peau moite comme une merde de chien sur une semelle de Converse…J’aime pas avoir chaud, j’aime pas avoir la nuque en sueur à cause de mes long cheveux trop nombreux.

Je tourne et retourne dans le lit, j’aurai bien bouquiné un peu, mais l’ampoule de ma lampe de chevet vient de me lâcher…Fait chier !

Et voila, je suis de mauvais poil, c’est fou comme la chaleur peut me rendre irritable.

Je me lève.

Je traverse l’appartement dans le noir, pas besoin de lumière, la lune ce soir s’est mise sur son 31, ronde, claire, elle me bombarde de sa beauté. Elle fait sa belle, elle a bien raison, elle a de bons arguments pour se la péter un peu !



C’est presque deux heures du matin me voila échouée sur le balcon clope au bec, une bougie parfumée et un peu de Ricky Lee Jones dans les oreilles…Ça devrait me calmer un peu.

J’ai de la chance, les voisins ont déserté les lieux, c’est les vacances après tout, l’été en ville ça a parfois ses avantages !

Je commence à sentir une petite brise, il fait plus frais tout d’un coup. Je regarde le ciel…Pas de nuages, juste la lune, belle, tellement qu’elle en deviendrait presque prétentieuse !

J’ai envie qu’il pleuve, mais pas une petite pluie fine, une vraie averse avec de grosses gouttes qui claquent en s’explosant sur le sol.

La pluie ce soir, il est clair que je peux toujours me l’imaginer, je n’en sentirai pas l’odeur il faut que je m'y résigne.

La flamme de la bougie vacille, c’est quand même foutrement beau un bout de feu qui danse !


Tiens, mon Mp3 me gatte : « A Tree On Allenford »…Je ne pense plus à rien, je suis une plume qui virevolte sur les remous de la voix de cette femme et du son des instruments de musique qui l’accompagnent.

J’ai envie de me faire greffer une puce électronique dans le cerveau pour pouvoir écouter en continu toutes les chansons qui me fond monter les poils au plafond !

On fait bien décoller des fusées, en s'y penchant sérieusement ça devrait être possible non ?


J’ai baissé les yeux, il y a quelque chose de rond par terre, je le distingue mal, j’approche ma bougie…Un escargot…là, sur mon balcon… Lui aussi il a pas l’air super heureux de la chaleur, il a fermé sa porte avec des bulles de bave.

J’aime les escargots, quand j’étais petite ils me fascinaient avec leurs petites bouches râpeuses et leurs yeux posés sur des échasses.

Je lui ai fait prendre une douche d’eau fraîche, je cherche de la salade et lui installe un petit coin tranquille.

Je me dis qu’il est bien maintenant, tout du moins je m’en persuade et ça me rend bien à moi aussi.

Je ne suis plus en rogne, il fait moins chaud , le vent frais se fait plus présent. La musique, la lune, une bougie, une rencontre amoureuse d’une enfant avec la nature et tout redevient magie.


MAGIE!


Je créer mon propre conte de fées dans ma tête, j’y mets des licornes à profusion, des fées, des lutins, un Merlin, une sorcière dans sa forêt (parce qu’il faut bien quelqu’un de maléfique sinon tout cela n’a plus de sens), des arbres qui parlent et suintent la sagesse.


J’y mettrai aussi des êtres d’une beauté inégalable, avec des couronnes de lierres, des ailes argentés finement ciselées. Des peaux douces et rugueuses à la fois, des sourires angéliques et des regards malicieux. Je colorerai le ciel de milles couleurs, et ferai tomber la neige en claquant des doigts ! Ça sentira bon la mousse et l’écorce, le vent sera mon Dieu et la nuit ma Déesse…


Je vais aller me coucher, avec un peu de chance je trouverai le sommeil et avec beaucoup de chance je trouverai le chemin qui me mènera à mon conte de fées !


Et demain quand je me lèverai l’escargot aura disparu…

lundi 23 juillet 2007

Happy End




Les armes sont tombées.
Leurs genoux ont cédés.
Au sol, leurs mains crispées creusent la terre.
Leurs yeux pleurent.
La rage naît.
Avide ils ont cru pouvoir y arriver.
Les corps meurtris souffrent de plaies invisibles.
La bataille est finie.


Dans un dernier élan de bonté, la nature leur offre tout ce qu’elle a de plus beau.
Les saisons défilent aussi vite que leurs dernières minutes de vie.

La neige, la pluie, la douceur d’un après midi de printemps…Une dernière caresse sur leurs joues creusées.

Dame nature n’a pas de rancune, ils l’ont violée, saccagée, dévastée et pourtant elle les veut serein pour leur dernier soupir.

La bataille est finie, d’un revers de la main elle fait naître le vent, qu’il balaye et emporte tout.
Que sur cette terre où ces hommes se meurent prenne fin le chaos et qu’une nouvelle vie s’éveille.


« Je ne vous en veux pas d’avoir essayer de me posséder, je vous en veux d’avoir une nouvelle fois lamentablement échoué. »
Cette phrase, ils l’entendront jusqu’à ce que leur cœur lâche.


Et le soleil perce, réchauffe leurs corps glacés par cette fin si proche.

Elle les enlace comme pour les rassurer, elle ne peut réussir à contenir un sentiment de pitié pour eux… « Maintenant que vous savez, peut être auriez vous agis différemment… »


La bataille est finie... leurs vies aussi.

samedi 7 juillet 2007

Passage




Elle a longtemps marché ne sachant pas à quel moment elle ne pourrait plus avancer.

Elle a fini par s’agenouiller là, sur ce lit d’herbes hautes, ses mains cherchant la terre, le vent jouant dans ses cheveux.

Elle laissa doucement le reste de son corps couler sur le sol, les jambes repliées , les bras comme en suspend.

Allongée, les yeux fixant les nuages, elle cherchait désespérément des formes à ces derniers.

Depuis combien de temps n’avait elle pas respiré ?

Elle avait arrêté de compter les heures, après tout quelle importance…

Tout ce qu’elle désirait au final c’était être bercée par le vent, l’écouter faire chanter l’herbe sous laquelle son corps avait décidé d’échouer comme un vieux navire fatigué par les marées.

Le vent…Partout, sur elle, autour, comme une caresse bienveillante.

Le ciel commença à changer de couleur, les nuages se firent plus oppressants, l’air devint plus électrique. Au loin, déjà, elle pouvait distinguer les premiers éclairs.

« Que le ciel est beau… » Elle aurait voulu le dire à voix haute mais ses lèvres restèrent scellées.

Déjà son teint commençait à pâlir, le rose sur ses joues se dissipait peu à peu, ses pupilles devinrent plus dilatées.

Alors que ses dernières forces l’abandonnaient, elle se sentit plus vivante que jamais elle ne l’avait été auparavant.

Quelle douce ironie.

Un sourire se dessinait sur son visage, pas seulement sur sa bouche mais aussi dans ses yeux.
Les premières gouttes de pluie vinrent s’écraser sur son visage cristallin.

« Les nuages me pleurent dessus… » Ça aussi, elle aurait voulu le dire à voix haute.

Elle ferma doucement ses yeux et se mit à sentir l’odeur de l’eau qui tombait du ciel, cette odeur si particulière qu’elle aimait tant. Elle aurait voulue se lever et courir pieds nus.

Elle ne voulait rien oublier, ne pas perdre de temps, caresser tout ce qui se trouve à portée, à sa portée, humer tout ce que le ciel, la Terre ont à lui offrir en ce moment présent.

Elle voulait être un puit dans lequel elle pourrait enfermer tous ces éléments, en elle, à jamais et pour toujours, vivante ou morte, ici ou dans cet ailleurs qu’elle était en train de rejoindre doucement.

Elle fit glisser une main sur sa poitrine, les battements de son cœur étaient de plus en plus espacés. La pluie ne cessa pas pour autant.

Trempée, elle se mit doucement sur le coté, les genoux repliés sous son menton…Un fœtus en robe blanche.

Elle ouvrit à nouveau les yeux, à quelques mètres d’elle se tenait un corbeau, patient il attendait, il l’attendait.

Puis, enfin comme une libération, ses lèvres commencèrent à s’ouvrir, le verrou qui jusqu’alors l’empêchait de respirer et de parler venait de céder.

Une dernière fois, juste une dernière fois…Elle ouvrit grand la bouche et se mit à happer l’air, un léger gémissement de satisfaction se fit entendre.

Dans son dos sa robe se déchira, le bruit du tissu malmené résonna, ses poings se sont serrés, des larmes coulèrent.

« Si je souffre autant c’est que je suis toujours en vie » songea t’elle.

La douleur s’accentua violemment, elle ne put réussir à contenir un cri strident. Tout son corps se courbait, elle ressemblait à un petit animal en train de mourir.

La souffrance prit fin d’un coup, jusqu'à ce qu’elle n’ait plus du tout mal.

La pluie cessa, le vent retint son souffle, tout ce qui l’entourait semblait comme figé.

« Je vais dormir un peu maintenant »

Elle ne sentit pas son cœur s’arrêter, ni son sang stopper sa course folle dans ses veines, elle ne vit pas non plus les ailes fines et délicates qui avaient poussées dans son dos laissant sa robe en lambeaux.



Un ange ne sait jamais que pour naître, il lui faut d’abord mourir.

Un ange ne sait jamais que lorsqu’il meurt c’est pour mieux renaître ailleurs.