Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

mercredi 27 février 2008

A celle qui ne vit pas la mer


Concentrée sur l’obscurité qui s’échappait d’elle, elle n’eut pas le temps de voir le vent tourner.
Doucement, elle s’accroupit, songea à ses années d’errance…Combien de kilomètres de chagrin avait elle parcourue ?
Le poids de sa culpabilité pesait encore légèrement sur ses épaules, se tenir la tête haute lui était encore interdit.
Et se vent qui souffle vers une nouvelle direction, les nuages dansent sous son corps apeuré.
Peu à peu les oiseaux s’amoncèlent près d’elle.
Ses cheveux glissent sur ses joues creuses, ses grands yeux sont ouverts face au néant qui l’entoure.
Elle ne veut pas se brusquer, pas s’alarmer, la douleur à ce côté qui parfois la rend acceptable, voir même délectable.
« J’entends la mer » se souffla t’elle.
Doucement, elle se releva d’une grâce à la limite du supportable pour celui qui l’eut observé à la dérobé.
Sa robe déchirée par endroit n’avait rien perdu de sa splendeur.
Il ne fallait pas avoir beaucoup d’imagination pour comprendre la beauté funeste de cette jeune fille, elle faisait penser à la rosée du matin qui ne veut pas laisser la chaleur l’évaporer…
Douce comme une brise sur une nuque libre. Forte de sa fragilité qui émanait d’elle, même abimée par les souffrances qu’elle venait de traverser, le doute n’était pas de mise quand à savoir que cette personne là n’était pas ordinaire.
Lorsqu’elle fut entièrement levée, le corps raide le visage tourné vers la mer qu’elle ne pouvait encore apercevoir, elle se mit à pleurer.
Finalement, son cœur n’était plus si lourd, finalement, son corps bien plus léger.
Dans un bruissement de tissu et de poussière elle commença lentement à marcher. Il lui fallait passer la dune afin de pouvoir librement contempler cette vaste étendue d’eau salée.

Chaque pas qu’elle accomplissait l’allégeait un peu plus, sans qu’elle ne s’en rende compte tout à fait, elle accéléra, le souffle court.
Ses jambes avaient encore suffisamment de force pour lui permettre de dépasser la dune elle en était convaincue.
Les mouvements devenaient de plus en plus difficiles, elle glissait sur ce sable chaud, il lui fallu s’aider des mains pour ne pas tomber, prendre appuis correctement pour que son corps meurtris souffre moins. Plus que quelques mètres et elle y serait bientôt.
Le vent faisait danser les grains de sable autours d’elle qui s’insinuaient vicieusement dans ses yeux et qui agissaient tel du papier de verre lorsque elle fermait les paupières. Elle avait du mal à respirer, tout son corps n’était plus que souffrance.
« Je veux voir la mer » pensa t’elle.

Plus tard, le jour commença à décliner, une lueur rougeâtre empli le ciel au dessus d’elle. Les oiseaux s’étaient approchés, leurs becs acérés claquaient à la vue du festin qui s’offrait à eux.
Son corps gisait là, inanimé, à quelque centimètre du haut de la dune, la main tendu vers cette mer que finalement elle n’aura pas eu le temps de contempler. Le visage enfoui dans le sable, ses cheveux entremêlés , ses jambes fines et blanches à peine recouvertes encore par la dentelle de sa robe en lambeaux.
Le vent faisait claquer doucement le tissu.

A quelque mètre d’elle, la mer …Pourtant.

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