Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

samedi 7 juillet 2007

Passage




Elle a longtemps marché ne sachant pas à quel moment elle ne pourrait plus avancer.

Elle a fini par s’agenouiller là, sur ce lit d’herbes hautes, ses mains cherchant la terre, le vent jouant dans ses cheveux.

Elle laissa doucement le reste de son corps couler sur le sol, les jambes repliées , les bras comme en suspend.

Allongée, les yeux fixant les nuages, elle cherchait désespérément des formes à ces derniers.

Depuis combien de temps n’avait elle pas respiré ?

Elle avait arrêté de compter les heures, après tout quelle importance…

Tout ce qu’elle désirait au final c’était être bercée par le vent, l’écouter faire chanter l’herbe sous laquelle son corps avait décidé d’échouer comme un vieux navire fatigué par les marées.

Le vent…Partout, sur elle, autour, comme une caresse bienveillante.

Le ciel commença à changer de couleur, les nuages se firent plus oppressants, l’air devint plus électrique. Au loin, déjà, elle pouvait distinguer les premiers éclairs.

« Que le ciel est beau… » Elle aurait voulu le dire à voix haute mais ses lèvres restèrent scellées.

Déjà son teint commençait à pâlir, le rose sur ses joues se dissipait peu à peu, ses pupilles devinrent plus dilatées.

Alors que ses dernières forces l’abandonnaient, elle se sentit plus vivante que jamais elle ne l’avait été auparavant.

Quelle douce ironie.

Un sourire se dessinait sur son visage, pas seulement sur sa bouche mais aussi dans ses yeux.
Les premières gouttes de pluie vinrent s’écraser sur son visage cristallin.

« Les nuages me pleurent dessus… » Ça aussi, elle aurait voulu le dire à voix haute.

Elle ferma doucement ses yeux et se mit à sentir l’odeur de l’eau qui tombait du ciel, cette odeur si particulière qu’elle aimait tant. Elle aurait voulue se lever et courir pieds nus.

Elle ne voulait rien oublier, ne pas perdre de temps, caresser tout ce qui se trouve à portée, à sa portée, humer tout ce que le ciel, la Terre ont à lui offrir en ce moment présent.

Elle voulait être un puit dans lequel elle pourrait enfermer tous ces éléments, en elle, à jamais et pour toujours, vivante ou morte, ici ou dans cet ailleurs qu’elle était en train de rejoindre doucement.

Elle fit glisser une main sur sa poitrine, les battements de son cœur étaient de plus en plus espacés. La pluie ne cessa pas pour autant.

Trempée, elle se mit doucement sur le coté, les genoux repliés sous son menton…Un fœtus en robe blanche.

Elle ouvrit à nouveau les yeux, à quelques mètres d’elle se tenait un corbeau, patient il attendait, il l’attendait.

Puis, enfin comme une libération, ses lèvres commencèrent à s’ouvrir, le verrou qui jusqu’alors l’empêchait de respirer et de parler venait de céder.

Une dernière fois, juste une dernière fois…Elle ouvrit grand la bouche et se mit à happer l’air, un léger gémissement de satisfaction se fit entendre.

Dans son dos sa robe se déchira, le bruit du tissu malmené résonna, ses poings se sont serrés, des larmes coulèrent.

« Si je souffre autant c’est que je suis toujours en vie » songea t’elle.

La douleur s’accentua violemment, elle ne put réussir à contenir un cri strident. Tout son corps se courbait, elle ressemblait à un petit animal en train de mourir.

La souffrance prit fin d’un coup, jusqu'à ce qu’elle n’ait plus du tout mal.

La pluie cessa, le vent retint son souffle, tout ce qui l’entourait semblait comme figé.

« Je vais dormir un peu maintenant »

Elle ne sentit pas son cœur s’arrêter, ni son sang stopper sa course folle dans ses veines, elle ne vit pas non plus les ailes fines et délicates qui avaient poussées dans son dos laissant sa robe en lambeaux.



Un ange ne sait jamais que pour naître, il lui faut d’abord mourir.

Un ange ne sait jamais que lorsqu’il meurt c’est pour mieux renaître ailleurs.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

wouhhh... fut ma 1ere reaction... c'est doux comme une caresse et profond!
j'adore!le mieux en mieux franchement plus delicat que le dernier j'ai aimé la caresse que ce texte a fait ds mon coeur!
merki!

SAATI N' OUROS a dit…

Je vais faire cours mais efficace : le sang gicle de mes narines.