Un peu de rose, un peu de vent, un peu de rêves, un peu d'absence, un peu de vous...un peu de moi.

mardi 29 mai 2007

Cache-Cache


Je me frotte les yeux doucement, je prends le temps de m’étirer comme à mon habitude, et je penche la tête de façon à contempler pleinement les rayons du soleil traversant les volets.

Je suis lente et appliquée dans chaque geste que j’effectue, je ne me brusque pas et comme un rituel, après chaque sieste, lorsque je me réveille, je vérifie si je n’ai pas perdu un de mes cinq sens.

D’abord l’ouïe, c’est bon je tends l’oreille et entend le ronronnement a peine perceptible de la télévision dans le salon.

L’odorat en suite, ça fonctionne me dis je, je peux sentir l’odeur de mon coussin, mon odeur.

La vue, je le sais, tout va bien, j’arrive même maintenant à distinguer les petites particules de poussière qui lévitent dans l’air ambiant, les rayons du soleil agissent comme une loupe. Je les contemple un moment.

Le goût aussi est intact, mais pour en avoir le cœur net comme a mon habitude, après une sieste, j’aime que tous les éléments se mettent en place les uns après les autres, y compris mettre l’oreille de ma peluche dans ma bouche…Le goût du tissu est là…Ne manque plus que le toucher.

Le toucher je le vérifie toujours en dernier, je sais bien que si je l’avais perdu dans un rêve un peu trop animé, c’est sûrement la première chose dont je me serai rendue compte au réveil. Je ne l’ai pas perdu non plus, la douceur de l’oreille de ma peluche que je serre toujours contre moi me le confirme.

Je peux donc me réveiller a présent.

Me réveiller complètement.

A ce moment précis, je suis une enfant de 8 ans qui sort doucement d’un monde de songes et d’un lit de coton un après midi ensoleillé de Mai.

Je traverse le salon pied nu, le carrelage est froid et je regrette de ne pas avoir pris le temps de chercher mes chaussons sous le lit.

Je croise du regard la télévision, elle marche mais personne ne la regarde, je continue ma route.

Salon, couloir et enfin la porte de la cuisine où ma grand mère se trouve. Je peux facilement entendre le bruit de ses pas.

Première réaction « elle est vivante…Ouf ! »

Je pourrai très bien ouvrir la porte a ce moment la, mais je préfère qu’il en soit autrement.

Je décide donc de lui faire une petite farce. Mon jeu préféré, me cacher !

J’entreprends alors une recherche minutieuse de l’endroit qui aura pour engagement de me rendre invisible aux yeux de ma grand-mère.

Je vérifie scrupuleusement toutes les cachettes potentielles, je veux la meilleure !

J’opte pour me glisser sous le canapé, elle n’aura jamais idée de venir me chercher là, mais je pourrai voir ses pieds faire des allers-retours dans la pièce, voir sans être vue c’est follement excitant.

Je souri.

Une fois le corps glissé entre le sol et le canapé, après être sure de ne rien avoir qui dépasse je décide enfin d’appeler ma grand mère… « MAMIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE »

La porte de la cuisine s’ouvre, les pas se font plus présent, elle est en approche, je frétille.

Je la vois qui se dirige dans ma chambre, elle ouvre les volets pour mieux y voir, mais elle sait déjà que je n’y suis pas.

S’engage alors un long jeu entre elle et moi. Elle me cherche un moment, m’entend rire parfois même, de ses petits rire étouffé d’enfants excité qu’on ne peut retenir même en se mettant les mains sur la bouche.

Elle essaye de m’avoir, ruse, triche, pour finalement s’épuiser elle-même.

Elle sait que je vais bien mais n’a plus le cœur a jouer, le gâteau dans le four va brûler me dit elle, sort de là et vient goûter…

Et la pièce se vide, il ne reste plus que moi, coincée entre le carrelage froid et le canapé qui me fait mal au dos.

Je pose la joue à même le sol, je suis déçue.

Elle ne m’a pas trouvé, je me félicite de ma cachette et de mon endurance mais elle ne m’a pas trouvé…Je suis seule sous ce canapé, sans bruit les larmes coulent et roulent sur mon visage rond.


Demain elle me trouvera peut être.

Demain je ferai en sorte d’être trouvée.



2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir,
Quel délice de toucher l'enfance du bout des doigts. Très peu de récits nous le permettent aussi bien. Un instant fait de saveurs anciennes et de nostaligie. Merci

Anonyme a dit…

Good post.